Une avancée majeure dans le traitement de l’hypertension artérielle a été réalisée par une équipe de chercheurs du Centre d’Excellence en Hypertension Artérielle de l’hôpital européen Georges-Pompidou AP-HP, de l’Université Paris Cité, de l’Inserm et de l’hôpital Presbytérien de New-York. Sous la direction du Pr Michel Azizi, les chercheurs ont démontré les avantages de la dénervation rénale endovasculaire par ultrasons pour les patients souffrant d’hypertension artérielle.
Les résultats de l’étude
Cette percée médicale a été publiée dans deux revues internationales prestigieuses, JAMA et JAMA Cardiology, le 28 février 2023. L’étude menée sur un échantillon de patients a révélé que la dénervation rénale endovasculaire par ultrasons avait un effet bénéfique sur la tension artérielle. Les résultats ont montré une réduction significative de la pression artérielle systolique et diastolique chez les patients traités.
Selon le Pr Azizi, cette technique de dénervation rénale endovasculaire par ultrasons est une avancée majeure dans le traitement de l’hypertension artérielle, car elle permet de traiter la cause sous-jacente de la maladie. Il a ajouté que la technique était sûre, efficace et moins invasive que les autres méthodes disponibles.
Les résultats de cette étude sont prometteurs pour le traitement de l’hypertension artérielle, offrant aux patients une alternative moins invasive et plus efficace. Cependant, des études complémentaires sont nécessaires pour confirmer ces résultats et évaluer les avantages à long terme de cette technique.
En France, l’hypertension artérielle est une maladie courante qui affecte environ 30 % de la population. Les complications cardiovasculaires ou rénales graves, parfois mortelles, peuvent en résulter si la maladie n’est pas contrôlée correctement. Malgré la disponibilité de nombreux médicaments, près de la moitié des patients hypertendus ne parviennent pas à maintenir leur tension artérielle sous contrôle.
Afin de répondre à ce besoin médical, la technique de dénervation rénale par voie endovasculaire a été développée en l’absence de nouveaux médicaments depuis 2007. Cette technique repose sur l’interruption de l’activité électrique des nerfs du système nerveux sympathique à destinée rénale en délivrant des ultrasons focalisés par l’intermédiaire d’un cathéter.
La dénervation rénale endovasculaire par ultrasons est une procédure médicale de plus en plus courante pour le traitement de l’hypertension artérielle. Elle est réalisée sous anesthésie locale et consiste à insérer un cathéter dans l’artère rénale, puis à délivrer des ultrasons focalisés pour détruire les nerfs rénaux responsables de l’hypertension.
Selon les chercheurs, la dénervation rénale par ultrasons est une alternative prometteuse aux médicaments pour le traitement de l’hypertension artérielle. Elle offre une solution moins invasive pour les patients qui ne parviennent pas à contrôler leur hypertension malgré la prise de médicaments.
Les équipes de recherche ont donc poursuivi leurs travaux en menant une étude de phase III, après avoir obtenu des premiers résultats encourageants dans le traitement de l’HTA modérée ou sévère et résistante aux traitements. Cette nouvelle étude internationale a été coordonnée par le Pr Michel Azizi et le Pr Ajay Kirtane (Columbia University Medical Center/NewYork-Presbyterian Hospital), en collaboration avec une start-up américaine spécialisée dans la dénervation rénale par ultrasons, ReCor Medical. Elle a comparé cette technique à une intervention factice (appelée « sham » en anglais) pour le traitement de 224 patients atteints d’HTA non contrôlée, soit en l’absence de traitement médicamenteux, soit malgré la prise de 1 à 2 médicaments antihypertenseurs.
La pression artérielle en journée a été réduite de 7,9 mmHg dans le groupe dénervation rénale alors qu’elle n’a été réduite que de 1,8 mmHg dans le groupe « sham » à 2 mois, soit une différence cliniquement pertinente de 6,3 mmHg.
Les effets étaient concordants sur la pression artérielle nocturne et sur la mesure de la tension en clinique et en automesure à domicile. Il n’y a eu aucune complication grave de la procédure. Un suivi à long terme est prévu.
Pr Azizi
Selon les résultats de l’étude, la pression artérielle des patients ayant subi une dénervation rénale a été réduite de 7,9 mmHg en journée, contre seulement 1,8 mmHg dans le groupe ayant subi l’intervention factice (« sham ») à deux mois. Cette différence cliniquement significative s’est également reflétée dans les mesures de la pression artérielle nocturne, ainsi que dans les mesures effectuées en clinique et en automesure à domicile.
En outre, la procédure n’a engendré aucune complication grave. Toutefois, un suivi à long terme est prévu pour évaluer les effets de la dénervation rénale par ultrasons sur la pression artérielle des patients.
En plus de l’étude de phase III, une méta-analyse a été menée pour regrouper les résultats de trois essais cliniques différents, portant sur plus de 500 patients atteints d’HTA. Les résultats ont montré une cohérence remarquable dans les données recueillies, ce qui démontre que la dénervation rénale par ultrasons réduit la pression artérielle en toute sécurité, quel que soit le stade de gravité de l’HTA. Cette étude a également été publiée simultanément avec celle de la phase III dans le JAMA Cardiology.
« L’ensemble de ces résultats conforte le rôle de cette thérapie pour la prise en charge des patients ayant une HTA, ce d’autant que le suivi à 36 mois des patients inclus dans les premiers essais a déjà montré la persistance de son effet bénéfique. Les indications retenues pour la dénervation rénale sont les formes d’HTA les plus sévères et/ou résistantes aux traitements antihypertenseurs. Nous allons désormais pouvoir proposer la dénervation rénale en tant que traitement additionnel pour les patients hypertendus sévères ou résistants, en accompagnement des médicaments antihypertenseurs et des règles hygiéno-diététiques »
explique le Pr Michel Azizi.
Sources :
